Incassable : Bruce Tout-Puissant

Si l’on associe souvent comics à histoires de super héros, et par conséquent adaptations cinématographiques de femmelettes en collants ou de médecins transgéniques, aucun film n’aborde le sujet des bandes dessinées américaines. Aucun ? Si…

« Il y a 35 pages et 134 illustrations en moyenne dans un comic, 172 000 comics sont vendus tous les jours aux Etats-Unis… »

C’est en ces mots que s’ouvre Incassable. Mister Shyamalan, réalisateur du très bon Sixième Sens, de l’étrange Signes ou de l’infâme Dernier maître de l’air, nous invite à une réflexion poussée sur la portée et le sens des comics dans nos sociétés occidentales (et aux Etats-Unis, plus spécifiquement… car faut pas déconner, les Français, ils lisent Tintin et Rahan, pas Batman).

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Elijah Price souffre d’une forme particulière d’ostéogénèse (Wikipédia pour les Nuls) : au moindre choc, ses os tombent en miette. Sombre maladie génétique, qui pousse ce cher Samuel L. Jackson, à vénérer des personnages aux antipodes de sa condition : les super héros de comics. Tenancier d’une librairie spécialisée en la matière, il voue son existence à la recherche de personnes hors du commun.

Dans le même temps, un train déraille dans la banlieue de Philadeplhie. 131 morts. 2 survivants. L’un s’éteint à l’hôpital. L’autre s’en sort sans une égratignure. Ah ouais ok ! Super crédible le film. Ben si, les gens, c’est crédible, car le mec en question n’est autre que Bruce Willis himself (David Dunn dans le film).

Et les destins de nos 2 compères vont se croiser. Le premier en raison de l’intérêt qu’il porte au second. Celui-ci à la recherche de réponses sur le pourquoi de sa mystérieuse survie.

Shyamalan met progressivement en place une dualité très profonde et murie entre les deux hommes. Et le canevas sous-jacent prend forme à mesure que Bruce Willis plonge dans les méandres de son histoire, de son rôle, de sa destinée.

Car il s’agit d’une œuvre profondément philosophique, qui tire successivement des approches déterministes puis hégéliennes (et bim la référence !) pour montrer à quel point ces petits bouts de papier sont des matrices de lecture très puissante de la place que chacun cherche à tenir. Le spectateur averti pourra même chercher toutes les références plus ou moins explicites qui émaillent le film (à l’instar du nom Elijah, Elie, célèbre prophète israëlite).

Et tout cela servi par une photographie intimiste mais efficace, une bande-son extraordinaire (James Newton Howard à la baguette!) et un jeu d’acteur de haute volée – mention spéciale à Spencer Treat Clark.

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L’on se dira a posteriori que si ce film a été et est encore boudé, c’est qu’il est venu trop tôt. En 2000, hormis des Supermans vieillots et des Batmans 90’s nullissimes, le grand public ne pouvait percevoir tout l’intérêt des films de super héros. Depuis nombre d’œuvres de qualité sont sorties sur nos écrans. Et ont donné leurs lettres de noblesse à la discipline.

Alors double coup de chapeau pour le plus indien des réalisateurs ricains : c’est beau et c’est incroyablement novateur. A l’instar d’un grand vin, il n’a jamais été aussi bon. Comme quoi, un super héros ça n’a pas nécessairement besoin de super effets spéciaux !

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