Margin Call : « Greed is good »

« A Wall Street, sois le premier, sois le meilleur ou triche ». C’est sous le coup de cette maxime que Margin Call se construit. On comprend que ça va causer finance. Et produits financiers adossés sur des hypothèques. Hein ??? Mais ça me dit quelque chose.

Il y a 4-5 ans, peu auraient compris la phrase précédente. Mais la crise financière qui nous a touché a fait du citoyen moyen, un connaisseur avisé des mécanismes financiers (ou presque). En fait on cause plus ou moins de subprimes dans ce film.

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Sur le papier, ça semble ennuyeux à mourir. Sauf que le director relève le défi avec un certain brio.

L’étage d’un immeuble new-yorkais. Une firme spécialisée dans la vente de produits financiers complexes. Des salariés. Des managers. Un open-space. Quelques salles de réunion. Voilà peu ou prou notre cadre d’action.

Le film s’ouvre sur un licenciement massif de salariés jugés peu « efficaces ». L’un d’eux ne pouvant clore le dossier sur lequel il travaillait, le confie à son jeune subordonné. Qui va découvrir que des données anormales pourraient témoigner de graves dangers pour l’entreprise.

C’est un drame. Au sens littéral, théâtral du terme. Qui se met en place. Les protagonistes vont tenter de se démener dans une situation qui leur échappe et les met face à leurs contradictions. Chacun a un rôle particulier, du super boss jusqu’à la femme de ménage. Tous dans la même galère mais pas avec les mêmes armes.

Les dialogues sont mesurés et puissants. La photographie intimiste rend compte de la détresse et du cynisme des acteurs. Certains d’ailleurs sont terrifiants, tel Jeremy Irons en PDG avide et sans scrupules.

L’essence même de ce film est de créer une vraie ambigüité entre cupidité et valeurs morales. En bref, une tragédie du XXIème siècle. Une tragédie dont les personnages sont fictifs mais dont les actes  ont dû être singés sur des comportements véridiques à l’été 2007.

Pour sauver ses fesses, mettons les autres dans la caca. Se téléscopent deux perspectives: laisser tomber les gens de sa boîte et faire entrer tout Wall-Street dans une crise sans précédent.

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Ce film est beau car il s’empare d’un sujet fort et excessivement cinématographique : les perversions de la finance. A l’instar du maître incontesté en la matière qu’est Wall Street d’Oliver Stone, il donne à l’avidité ses lettres de noblesse. Finalement qui est assez riche ?

On regrettera néanmoins ce petit supplément d’âme et de poésie qui a fait du film de 1987 un véritable chef d’œuvre. Une œuvre transcendée par la caméra. Dans Margin Call, la froideur du propos et une image parfois « cynique » laissent un goût d’inachevé. Ce sentiment que l’on nous a admirablement bien montré les méandres  de la perversité humaine mais qu’on a oublié cette exaltation si vraie, si authentique lorsqu’on sait où est la lumière. Ici tout sombre et donne l’impression qu’il n’aurait pu en être autrement.

En bref, un excellent premier film pour Mister Chandor. Mais qui ne dépasse pas encore son maître. Faut-il dire « tant mieux » ? Non, « c’est logique ». Stone avait amené le 7ème art proche de son zénith. Difficile de faire mieux pour un rookie.

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