5 octobre 2011 : The Thing de Matthijs van Heijningen Jr (imprononçable vous avez dit?) sort sur nos écrans. Que vaut-il ? Je n’en ai aucune idée au moment où j’écris. Par contre, cette sortie qui s’annonce comme un préquel est l’occasion de se replonger dans son ancêtre/sa suite.Parce que culture ciné oblige, on vous explique de quoi il en retourne : un préquel est un film sorti historiquement après mais qui raconte le début de l’histoire. Star Wars 1-2-3, X-Men le commencement,… sont autant d’exemples vivants de ce modèle finalement assez répandu. Souvent le prétexte pour augmenter « le plaisir commercial », parfois l’occasion de donner un angle nouveau. Mais ne réglons pas nos comptes ici car ce n’est pas le sujet.
Revenons à nos moutons. En 1982, John Carpenter décide de réalisé le remake du film du même nom datant de 1951. Déjà ! Faire du neuf avec du vieux (Purée on avait dit pas de règlements de compte !).
Mais au fait de quoi ça cause ? Car admettons-le, ce film possède probablement le titre le plus banal de tous les temps : la chose en québecois. Antarctique, de nos jours (enfin début des années 1980), base américaine de recherche scientifique (on ne sait pas trop ce qu’ils foutent là, mais c’est pas grave car ce n’est pas un documentaire). Un chien qui court dans la neige, un hélicoptère avec des mecs armés qui le poursuivent… Et tout ce beau monde atterrit dans la dite base. Les Américains déglinguent les Norvégiens de l’hélico. D’ailleurs des Norvégiens avec des fusils, ça ne vous rappelle rien ? (Je sens que mes honoraires d’avocat vont exploser).
Bon jusque là on ne comprend pas grand-chose : pourquoi les Scandinaves cherchaient à buter le chien ? Pourquoi les Ricains pensent toujours qu’ils sont dans un western ? Etrange. D’ailleurs si mon propos semble confus lorsque je raconte cela, c’est que le début du film est lui-même bizarre.
Interloqués par cette étrange scène, notre héros (un Kurt Russel fort barbu) et ses potes scientifiques décident d’enquêter. McReady, conduit donc une petite expédition jusqu’à la base des zinzins venus du Nord. Et là stupéfaction ! Tout le monde est mort. En fait on s’y attendait un peu : s’ils les avaient en train de taper le carton, ça ne serait pas vraiment un film mêlant horreur et science-fiction. Il semblerait que les Norvégiens aient fait une découverte : une forme de vie enterrée dans la glace.
Mon synopsis s’arrête là car vous imaginez assez bien que ça va partir en sucette après.
Alors que dire du film en lui-même ? Un scénario bien ficelé qui installe une forme de doute permanent dans l’esprit du spectateur. Des acteurs qui jouent avec précision. Une musique hypnotisante composée par le maestro Morricone ! Une photographie un peu à l’ancienne mais qui se révèle diablement efficace.
Quant aux effets spéciaux, il s’agit de la vraie surprise du chef. On voit que le film a vieilli mais on est quand même souvent étonnés de voir que pour l’époque, ils sont méchamment flippants. Certaines scènes, excessivement gores soulèvent les tripes des moins avisés d’entre nous (dont je ne fais pas partie évidement !).
Mais alors pourquoi revenir sur ce film ? Certains diront : on a fait mieux depuis dans le cinéma d’horreur. Plus gore, plus angoissant, plus… mieux ! Comme pour tout genre au sein du cinéma, il est judicieux de se replonger dans des classiques pour voir que les Modernes n’ont pas inventé grand-chose. Parce que des films comme Alien ou The Thing ont été les premiers à mettre en place les codes de sous genre de la science-fiction qu’est la SF d’épouvante. Mais aussi parce que la décennie qui vient de s’écouler et probablement celle à venir sont des décennies de remakes. Commerciale ou non, cette démarche a un intérêt pour le cinéphile : détenir des jalons comparables pour mieux percevoir l’évolution d’un genre, mais aussi dans la manière de filmer, le jeu d’acteurs… En bref comprendre qu’un film qui a 30 ans est peut-être toujours aussi génial à regarder parce qu’il a définitivement changé notre manière de regarder certaines œuvres. The Thing fait partie de ceux-là.
Il faut savoir pour la petite histoire que ce film n’avait pas connu un réel succès à sa sortie. Boudé par les critiques et le public, il n’a acquis son statut de référence que par la suite. De nombreux fans ont vu dans le travail de Carpenter le dessin visionnaire du cinéma d’horreur des trois décennies suivantes. Et il est encore aujourd’hui peu connu du grand public (et que dire de l’original de 1951?). S’il était peut-être trop en avance sur son temps, les producteurs de son préquel qui sort en ce mois d’octobre ont été attentifs à produire une bonne communication autour de celui-ci. Parce qu’un échec commercial est aujourd’hui beaucoup plus dangereux pour un studio de production qu’il ne l’était il y a trente ans.
Parce que la vraie question est : les spectateurs d’aujourd’hui sont-ils plus friands d’horreurs cosmiques que ne l’étaient ceux de 1982 ? Espérons le pour Matthijs van Heijningen Jr.