Autant vous le dire tout de suite, je n’aime pas les histoires à l’eau de rose. Mais alors quelle idée d’écrire sur un film avec un tel titre?
Parce ce que les histoires d’amour ne se cantonnent pas aux beaux poèmes et aux propos « fruités ». Non, tout ça peut-être violent. Très violent. Mais beau quand même.
En 1993, Quentin Tarantino himself vend un scénario qu’il vient d’écrire à un réalisateur de films d’actions qui commence à être connu grâce à Top Gun par exemple : Tony Scott. Et c’est là qu’on capte qu’on va être loin d’Autant en emporte le vent ou de Titanic. Une romance, une vraie : c’est en ces termes qu’on nous vend le film.
Et ça cause de ? D’un jeune vendeur de comics (Clarence Worley – Christian Slater) qui fait la rencontre d’une jolie demoiselle (Alabama – Patricia Arquette) dans un ciné le soir de son anniv’. Un film et un resto plus loin, il la ramène chez lui. Et là, bam ! Le coup de foudre ! Mais pour de vrai. La demoiselle lui avoue que c’est le patron de notre ami Clarence qui l’a payé pour passer un moment avec lui (sympa le boss !) mais qu’elle est tombée amoureuse de lui. Genre folle de lui. Et lui non content de s’amouracher d’une si jolie plante, lui promet de faire d’elle sa dulcinée.
Un coup de foudre bien violent vous en conviendrez. La triplette ciné-resto-plumard semble faire des merveilles dans son cas. (Pour ceux qui chercheraient des conseils, passez votre chemin, ce film n’est pas crédible en la matière). Et lui de décider qu’escort-girl n’est pas une condition acceptable pour la jolie Alabama. D’où un raid meurtrier chez son mac. Et là ça part en sucette.
On saisit aisément que cette romance n’est pas commune. Ici on oublie les fleurs, les belles paroles : flingues et business mafieux seront le lot de Clarence pour garder sa promise, qui semble se délecter d’un amour aussi dangereux. La séduction prend donc là une forme assez singulière: elle augmente graduellement à mesure de la violence qui explose autour d’eux.
C’est Tony Scott aux commandes (le petit frère de Ridley) mais on sent derrière la patte de Tarantino. Même aspect déjanté, personnages hauts en couleur, dialogues mythiques, violence gratuite…
Plein de petites choses viennent se greffer là-dessus pour en faire un film culte.
La musique, arrangée et composée par Hans Zimmer, donne un ton frais à cette chevauchée épique, avec des morceaux joués au xylophone (22 – mot compte triple – 66 – allez mamie tu peux retourner à tes tisanes !).
Les acteurs aussi : Christian Slater, Patricia Arquette, Christopher Walken, Dennis Hopper, Val Kilmer, Brad Pitt, Gary Oldman… Un casting de rêve. C’était Ocean’s Eleven avant l’heure.
Et puis les décors : on ouvre sur une ville de Détroit, sombre, froide, pauvre, violente. La lumière advient progressivement à mesure que nos deux tourtereaux s’approchent de la côte ouest.
En bref, c’est une ambiance qui se dégage. Et aussi étrange que cela paraisse, ce film n’est pas crédible mais on y croit de bout en bout. Violent mais magique !
Parce que c’est l’immense génie du duo Scott-Tarantino : avoir proposé une romance si improbable, si novatrice, si… vraie. Alors que prêt de 100 ans de cinéma semblait avoir épuisé le sujet, on a vu autre chose. Un film culte car extraordinairement nouveau.
Oui Quentin, tes films sont toujours beaux car révolutionnaires. Et on en redemande. On voudrait tomber amoureux encore et encore.