Peaky Blinders : Le savoir-faire made in England

Birmingham. 1919. La Première guerre mondiale vient de prendre fin. Après avoir vu l’enfer des tranchées, les jeunes ex-soldats britanniques tentent de se réintégrer dans le tissu social de cette ville industrielle des Midlands. Thomas Shelby (Cillian Murphy) reprend le business familial : les paris illégaux sur les courses de chevaux et les trafics en tous genres. Mais lors d’une opération d’échange de marchandises, ses hommes de mains se retrouvent malencontreusement en possession d’une cargaison de mitrailleuses lourdes appartenant à l’armée. Winston Churchill, alors ministre de l’Intérieur, voit rouge et décide de dépêcher son meilleur inspecteur sur l’affaire.

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Campbell (Sam Neill), tout juste arrivé de Belfast où il a maté les révoltés catholiques, est bien décidé à mettre de l’ordre dans tout ça : Communistes, Irlandais, Italiens, Chinois, gangsters et ripoux n’ont qu’à bien se tenir face à ce policier aussi déterminé que peu orthodoxe dans ses méthodes.

On est tout de suite frappé par l’esthétique générale. Dès les premiers plans, le réal nous plonge dans une pauvreté criante et une saleté quasi mystique. La deuxième ville du Royaume est un grand bastion industriel et ça se voit : tout est obscur, sale, gangrené par le crime et les illusions.

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L’image est léchée, les jeux de lumières sont extraordinaires, les rues et bâtiments portent en eux quelque chose d’organique ; une sorte de western moderne. Mais le plus intéressant reste la manière dont les personnages tentent de se déterminer les uns par rapport aux autres. Les rôles initiaux volent en éclat lorsqu’amour, argent ou convictions personnelles s’en mêlent. Pire, c’est une guerre de tous contre tous : flics, marxistes, fenians irlandais, petites frappes et gros bonnets. Et au milieu de tout ça, Tommy veut offrir à sa famille un avenir meilleur en diversifiant les sources de revenus et en développant des activités légales. Froid, cynique voire létal au premier abord, il est une sorte d’idéaliste déguisé, cherchant au fond à rompre avec la vieille tradition familiale—lacérer les visages des adversaires à l’aide de lames de rasoir dissimulées dans les bérets – qui leur a valu ce surnom de Peaky Blinders.

Cillian Murphy est extraordinaire dans son rôle de jeune patriarche et sa fratrie lui rend la réplique avec un certain brio. Tout ça au son d’un accent midlander aussi authentique qu’incompréhensible. Sam Neill renoue avec ses origines nord-irlandaises pour son rôle et, en policier sans merci, offre un contrepoids de choix aux Peaky Blinders. En outre, mention spéciale à Helen McRory et Iddo Goldberg respectivement tante et meilleur ami du héros dont certains plans devraient servir d’exemples à de nombreux apprentis comédiens. Certains affirment que les écoles de théâtre outre-Manche sont les meilleures au monde, difficile de penser le contraire avec cette série made by BBC.

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Enfin, comment ne pas parler de la B.O., pur bonheur pour les oreilles. En tapant dans les merveilleux répertoires du rock anglo-saxon, c’est tout une expérience visuelle et musicale qui s’offre à nous : The White Stripes, Nick Cave, The Raconteurs…

En bref, une série plus confidentielle que d’autres équivalents américains mais qui n’a rien à leur envier. Une ambiance magique, des acteurs au top et quelques passages d’anthologie. Un beau rappel à l’ordre pour ceux qui ne jurent que par les séries d’AMC, HBO ou FX : la perfide Albion a de beaux restes dans ce domaine, tâchons de lui accorder l’importance qu’elle mérite.

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