14 octobre. Jour ordinaire qui voit se produire un phénomène aussi soudain qu’inexpliqué : 2% de la population mondiale disparaît.
3 ans plus tard, à Mapleton, petite ville de l’état de New-York, les citoyens se préparent à commémorer le « Départ ». Mais le shérif local, Kevin Garvey, craint des affrontements entre les citoyens en deuil et une secte de fanatiques qui entend célébrer à sa manière le triste anniversaire…
Dés les premiers instants, on est frappés par la mélancolie qui traverse l’œuvre. Les personnages ont été affectés par un grand malheur aux conséquences bien plus désastreuses que de prime abord. La vie ne s’est pas arrêtée : la proportion de personnes disparues est fondamentalement trop faible pour déséquilibrer durablement nos sociétés contemporaines. Mais les « restants » vont devoir composer avec ce douloureux fardeau qui ne manque pas de se rappeler à eux.
Choix fort des créateurs de la série, il n’y a pas de vocation sociologique dans le propos : à aucun moment, on cherche à nous témoigner du comportement éventuel des citoyens dans une telle situation. La poignée de personnages décrits est au centre de l’histoire. Ce sont leurs forces, leurs limites, leurs moments de grâce et de noirceur qui sont explorés.
Le « Départ » n’a pas transformé les protagonistes du récit. Il a juste révélé quelque chose de différent en eux. Si certains tentent de profiter de la situation, d’autres vont s’y perdre et oublier tout ce qui les animait.
Et puis vient la question de la transcendance. Car un tel événement interroge nécessairement l’idée de dessein supérieur. Mais dans ce tunnel d’absurdité, rien ne vient éclairer les héros sur le pourquoi de la chose. C’est le champ ouvert aux apôtres du salut (les Guilty Remnants, Max le Bienfaiteur…) qui exploitent cet étrange vide avec une force démesurée. Et vont générer du chaos dans le chaos…
Hormis Liv Tyler (Arwen dans Le Seigneur des anneaux), pas de gros casting mais des choix lumineux dans la distribution. Habitué des séries, Justin Theroux est la claque du TV show HBO. Ambigu, torturé, parfois même répugnant dans ses actes, son personnage est démesurément attachant. L’élégant quadra trouve le ton juste et laisse transpirer beaucoup de sincérité. Il est même le symbole matriciel du scénario. Chacun gravite autour de lui, tout en écrivant sa propre histoire.
La puissance affolante de ce naufrage salvateur réside dans cette capacité à montrer toute la profondeur de héros forts dans leur faiblesse. De paumés pathétiques habités par une noblesse d’âme et un courage biblique…
On ressort de là bouleversé, chamboulé, perdu. En étant certain de n’avoir rien compris. Mais définitivement épaté par la puissance métaphysique du propos. Comme une révélation : c’est beau parce que c’est mystérieux.
Mystérieux. Définitivement…