Quand on a vu apparaître dans le line-up de Netflix une série hommage aux films pop des années 70-80, on aura tous fait une petite danse de la joie…
Et puis on s’est demandé si c’était une si bonne idée. Tant ce cinéma et ses codes sont le fruit de contraintes techniques depuis longtemps disparues.
Craintes totalement infondées…
6 novembre 1983. Hawkins, Indiana.
En 5 mots, les contexte est posé. Début des années 1980, au cœur d’une période qui voit s’éteindre le Nouvel Hollywood sous l’impulsion des Steven Spielberg, George Lucas, John Carpenter… Dans un endroit qui rappelle furieusement les états du Midwest dont Spielberg raffole tant pour raconter ses histoires étranges.
L’intrigue va se construire autour d’un mystérieux laboratoire tenu par le département de l’énergie. Et les expériences qui y sont menées vont provoquer quelques sueurs froides aux riverains de cette petite ville sans histoires.
Mélange des genres. Horreur, teen movie, policier, aventure, science-fiction, fantastique. On retrouve un peu tout ça dans cette déroutante série. Les scènes très fleur bleue succèdent aux courses poursuites, tout ça entrecoupé de scare jumps bien sentis. Un seul dénominateur commun : l’étrange !
Si le scénario tient la route et ne nous donne pas l’impression de tomber dans l’absurde, c’est grâce à ses personnages. Ils sont crédibles ! Car c’est bien souvent l’immense défaut des récits fantastiques : l’univers part en sucette, donc les protagonistes décident de faire n’imp !
Ici il n’en est rien. Très belle surprise du côté du Chef Hopper, incarné par le très bon David Harbour. Qui se dégage sans mal de son rôle de placide shérif un peu simplet pour devenir moteur du récit. Winona Ryder est excellente en mère perturbée et inquiète pour sa progéniture.
A cela s’ajoute un jeune casting inconnu mais ultra efficace. Deux catégories à distinguer : les ados et les enfants. Dans la première, Natalia Dryer et Charlie Heaton font plus que tenir leur rang et montrent que l’âge bête n’est pas une fatalité. Bien au contraire !
Cependant, c’est dans le deuxième groupe qu’on retrouve tout ce qui fait le charme du récit : 5 petits acteurs plus talentueux les uns que les autres. Avec un coup de cœur pour Millie Brown en petite fille « surdouée » et Gaten Matarazzo, le bébé futé de la bande.
L’hommage aux Goonies et à E.T saute évidement aux yeux lorsque les jeunes héros se lancent dans cette aventure qui les dépasse. Mais il serait bien réducteur de ne voir dans la série qu’un remake des films familiaux des 80’s. C’est le cinéma de genre de la période 1975-85 qui est balayé. En vrac : Alien, A la rencontre du 3ème type, Poltergeist, Carrie, The thing… Les références sont à chercher dans la photographie, les choix scénaristiques ou quelques easter eggs bien placés.
Toute cette belle machinerie tournée vers le fan service ne renie pas pour autant quelques fondamentaux d’une bonne série : des personnages travaillés, un récit solide et une vraie capacité à nous tenir en haleine épisodes après épisodes. Car les mystères inhérents à l’univers ne se dévoilent que très tard. Et même si la composante fantastique est omniprésente, l’histoire ne nous perd pas car elle respecte le critère ultime : la cohérence.
La petite pépite des frères Duffer a été une excellente surprise. Surtout en cette période estivale où les diffuseurs US suspendent tous leurs grilles et nous laissent, pauvres sérievores, dans l’attente fébrile de la rentrée.
Mais la vraie réussite de la dernière sortie de l’école Netflix, ce n’est pas seulement de nous avoir bien diverti ou de nous avoir fait retomber en enfance. Stranger things pose des enjeux dramatiques ultra pertinents, ne tombe pas dans l’hommage grossier et montre qu’on peut faire du très bon avec du vieux.
Mais encore faut-il avoir un regard neuf sur le sujet. Chose faite.
Petit bonus : l’excellente BO de la série