21 juillet 1969. L’homme marche pour la première fois sur la Lune. A 385 000 km de chez lui, Neil Armstrong, en foulant le sol lunaire pour la première fois, accomplit l’un des plus grands exploits de l’histoire de l’humanité. Une prouesse technique époustouflante, même 50 ans plus tard !
50 longues années pour une question : pourquoi ? Pourquoi si longtemps ? Alors que les remakes / reboots / prequels / sequels s’empilent dans les salles obscures jusqu’à nausée, on se demande pourquoi la conquête spatiale et son événement le plus emblématique sont aussi peu traités sur grand écran. Pour des raisons techniques ? L’étoffe des héros (1984) et Apollo 13 (1995) ont démontré qu’on sait depuis longtemps faire de très bons films historiques sur l’espace.
Une bonne explication tient dans l’ampleur du projet et ses implications politiques. Les réalisateurs US craignaient, à juste titre, de s’attaquer à la mission Apollo 11. Mais Damien Chazelle, réalisateur franco-américain un peu kamikaze, et auréolé de ses deux précédents succès critiques – Whiplash et La La Land – s’est dit que le jeu en valait la chandelle.
En outre, il fallait de la matière. Comment raconter Armstrong lorsqu’Armstrong lui-même refuse de se narrer. C’est James Hansen qui, lors des dix dernières années de la vie du cosmonaute, va l’apprivoiser et l’embarquer dans son projet de biographie. Neil s’éteint en 2012, en donnant son accord pour la production d’un biopic. Le biographe mettra ensuite la famille d’Armstrong, Chazelle et le scénariste du film autour de la table pour convenir d’une adaptation fidèle sur grand écran.
Le projet lancé, Damien Chazelle fait appel à l’ultra talentueux Ryan Gosling, qu’il connaît désormais par cœur depuis La La Land, Claire Foy et toute une ribambelle d’acteurs habitués des très bons seconds rôles : Kyle Chandler, Jason Clarke, Shea Wigham, Corey Stoll…
Le play-boy canadien, fidèle à ses rôles habituels, incarne un Armstrong froid, mutique, déterminé mais meurtri par son passé. Un homme antipathique et tourné vers son seul objectif lunaire qu’on apprend à aimer dans le cœur du récit tant la noblesse de ses motivations ne demande qu’à se révéler.
Car les presque 10 ans narrés à l’image ne tendent que vers un point, une idée fixe, une obsession pour ces pionniers de l’espace : fouler le sol de la Lune avant les Soviétiques.
On connaît tous la fin de l’histoire mais l’on sait moins combien de sacrifices ont été consentis, combien la conquête spatiale est jalonnée de ratés et de bricolages audacieux, voire inconscients.
First man est le récit de cette folle aventure. Un tableau juste, qui en explore les différents enjeux, sans jamais se faire dépasser par les implications politiques ou les exigences formelles. Un film à l’image de son duo principal : touchant, plein de recul mais totalement imprégné du pari grandiose que fut la conquête lunaire.
Deux séquences fabuleuses impriment la rétine. Tout d’abord, l’atterrissage. Musicalement démentiel et d’une tension folle. Un moment de pur stress. Puis le plan final. Tout à l’inverse, d’une tendresse et d’un silence somptueux.
Le contraste d’un film qui raconte l’Humanité et l’homme en un seul temps. Quand l’humilité d’un père et d’un mari aimant rencontre la quête ultime de toute une espèce. Un aller-retour vers l’infini pour un regard qui dit l’essentiel : somptueux !